Présentation

La première fois que j’ai peint un paysage sur le motif, j’ai vécu une expérience magique. Non seulement je ne l’ai jamais oubliée mais j’ai essayé  toute ma vie –en vain, jusqu’à présent- de la revivre grace à mon travail d’artiste.

J’avais une vingtaine d’années et je retrouvais sans trop de plaisir un paysage de mon enfance : l’endroit ne voyant jamais de promeneur, je pouvais  commencer ma gouache sans crainte du regard d’autrui. En appliquant mes coups de pinceau, peu à peu le paysage s’organisait sur ma feuille. Le panorama qui s’offrait à mes yeux ne semblait plus me rejeter. Le voile transparent qui m’isolait de tous ses éléments me semblait de plus en plus ténu, à mesure que le travail approchait de sa fin. Jusqu’au moment où, ce voile se dissolvant merveilleusement, je fus absorbé par le paysage dans une extase indicible.
Je me dois d’ajouter que le résultat esthétique de cette gouache était loin d’être à la hauteur de l’intensité de ma dissolution dans le paysage… Je continuai, cependant, à le peindre avec plaisir, les jours et les semaines suivants. Il  finit pourtant par me lasser : il me semblait que je tombais « dans la recette » car je me répétais sans trop d’émotion.
Réalisant que cette peinture perdait de son intérêt, il me fallait changer de sujet.
« Comment traverser les apparences pour atteindre l’essentiel, l’extase ? » Je me posais cette question avec mon premier autoportrait symbolique, peint à l’huile en 1979, où, déguisé en cavalier toscan maîtrisant sa monture sur une mer calme, je m’apprêtais à franchir un mur violet, la couleur des médiums…

Ainsi, pour réaliser mon rêve, je me lançai dans différentes expéditions …